Florent et les sérioles d'un mauvais jour

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parGuillaume Eugene

Florent Geraud, 35 ans (en 2017), « team Beuchat »

L’homme:

Je pêche maintenant depuis plus de 20 ans, fils de chasseur sous marin, bercé par les récits, les photos et les attentes au bord de l’eau de son père et ses prises, je ne pouvais que perpétuer la dynamique.

J’ai réellement appris à pêcher quand j’ai découvert le GASM, son Président Dédé EUGENE et son fils Guillaume. Au sein du club j’ai pu franchir rapidement des caps, grâce aux sorties  club et aux compétitions.

Avec le temps, l’expérience acquise m’a permis d’obtenir de « petits résultats » en compétitions :

– une 3ème place au Trophée Ivara

– deux fois vice champion régional par équipe

– deux fois 7ème au Trophée National par équipe

L’histoire :

Mais aussi de belles surprises en pêche également comme cette journée de Septembre 2013 où, accompagné par mon père comme barquero, je réaliserai une pêche inattendue de sérioles.

Départ du port d’Argelès sur mer au levé du jour, une belle journée est annoncée à la météo. A la sortie du port la mer est d’huile, personne en mer, une journée idéale.

Malheureusement, arrivé sur la 1ère zone de prospection le constat est plus mitigé, la visibilité est optimale mais une thermocline très forte rend la pêche pratiquement impossible. Un mauvais jour s’annonce… Dès les tous premiers mètres une eau glacée me saisie, le poisson est absent.

Pas le choix nous prenons la décision de descendre le plus loin possible vers l’Espagne en espérant que cette thermocline sera plus profonde plus au sud et me permettra de pêcher sur quelques remontées rocheuses.

Les spots s’enchaînent mais l’eau froide a déjà envahi chacun de mes postes à agachon, la journée semble compromise et pourtant tout semblait idéal.

Je tente un sec que Guillaume m’a enseigné, il y a 10m de profondeur, peut-être que là-bas ce sera plus clément. Souvent en fin de saison une colonie de barracudas se rassemble, je pourrais au moins essayer d’en faire un beau spécimen.

Arrivé sur le point GPS, je me jette à l’eau et je vois déjà les bécunes nager sous moi. Je soigne mon agachon et une fois posé c’est un immense banc qui m’entoure, par contre ce sont de petits poissons mais, en fin d’apnée, il me semble apercevoir en limite de visi une masse dans le banc de barras.

Je remonte, me décale de quelques mètres et redescend, le banc de barras est toujours là mais rapidement deux grosses têtes de sérioles apparaissent, elles font 12-15kg. Rien à faire elles ne veulent pas approcher, je dois remonter avec un sentiment de frustration mais surtout la sensation de n’avoir pas pu concrétiser la seule occasion qui m’eut été offerte. 

Malgré la déception, nous naviguons à nouveau vers une ultime tentative.

Quand arrivé à proximité de la zone je remarque, sur cette mer d’huile, un léger frissonnement en surface.

En s’approchant on découvre une boule immense de tout petits poissons, la boule doit faire 15m de haut sur 100m de long et 20m de large.

Devant ce spectacle rare, je décide de me mettre à l’eau au milieu de nulle part et de filmer cela. 

La boule est très très dense et une fois immergé à 10-12m, c’est en nageant sur le dos et en regardant ce banc à contre jour que je peux me rendre compte à quel point il est immense. 

Ce moment dure quelques secondes et aussi soudainement que nous les avons aperçus, le banc s’ouvre en 2 et surgit un banc de sérioles.

Juste le temps de comprendre ce qui se passe je tire le 1er poisson qui passe, elle est bien fléchée, je décide de la garder en tension pour essayer de garder le banc à proximité. A peine ai-je percé la surface de l’eau que je crie à mon père de m’apporter un 2ème fusil. Il arrive rapidement avec le bateau, je saisi le fusil tandis qu’il s’agrippe au dyneema auquel est maintenue ma 1ère prise.

Je redescends aussi vite que possible, là le banc tournoie autour de la sériole fléchée, je tire à nouveau le 1er poisson qui passe à portée. 

Sur le bateau mon père peut désormais remonter sa prise et moi la mienne, 2 sérioles dans la glacière, la journée est sauvée.

L’histoire aurait pu s’arrêter là mais après nous être remis de nos émotions, je décide de retourner nager au milieu de ce banc. Là je vois des bécunes qui encadrent cette mange, au fond quelques dentis insaisissables nagent sous le banc, chacun prélevant au passage quelques petits poissons.

Alors que nous allions repartir et que je suis en surface pour regagner le bateau, le banc de sérioles sorti de nulle part me réapparaît en surface. J’ai le temps cette fois-ci de choisir le plus gros spécimen !

Au final ce sont donc 3 sérioles qui finissent dans la glacière, une journée inoubliable qui restera gravée à jamais notamment grâce à la vidéo que j’ai pu réaliser.

La photo du jour et le chasseur heureux pour un « mauvais jour »

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